Savez-vous ce qu’est pour moi le bonheur du jardin ? C’est rester là, assise comme une grosse bouddha pas très mystique, à écouter les délicats chants d’oiseaux, et même parfois le cri un peu ridicule du héron gris, avec son vol impressionnant.
A la fin de l’hiver, c’est le rouge gorge pas timide du tout, qui m’entoure de sa flamme vive. Le merle fait son festival délicieux à toutes les saisons. Les choucas passent en bande… ah, non, pardon, cette fois ce sont encore les pigeons !!! Une pie très solennelle inspecte sans rien toucher, d’un pas de fonctionnaire très sérieux, le jardin de mon voisin. Et là, en automne, cette année ce n’est qu’une seule fois que je vois les chardonnerets joueurs. C’est drôle, on dirait qu’ils sont venus voir si le tournesol géant était encore là : mais déçus, ils repartent vite. (ils raffolent des graines).
Savez-vous que le chardon à fleur jaune, dont les côtes sont pour les marocains un plat raffiné, a, en berbère, je crois, le même nom que ces oiseaux amateurs de leurs graines « afroukh tghadiwte » ?
Un matin, j’ai vu une maman hérisson suivie de deux petits, trottinant dans l’aube calme.
C’est au nom de ces bonheurs, de ce calme enchanteur, de cette fragile biodiversité, que je m’insurge contre le bruit (ahhhhgrrr les portables), contre les chiens qui n’aiment rien tant que fureter et terroriser tout ce petit monde, contre la balançoire qui grince… contre les chats qui s’installent dans mes platebandes !Les hommes ont très souvent imaginé le paradis comme un jardin. Eh bien, réalisez que ce jardin est un petit paradis fragile ! Non ? Pourquoi ne pas le respecter ?
Une jardinière du Jardin des Berges